Microbiote et endométriose

Il est possible que la flore intestinale soit impliquée dans la pathogenèse et la progression de l’endométriose [1]. Le microbiote intestinal  jouerait un rôle important dans la régulation de l’inflammation. De plus il affecterait le métabolisme des œstrogènes et l’homéostasie des cellules souches [2].

 

Il semblerait que le LPS (lipopolysaccharide, endotoxine issue des bactéries Gram négatif de l’intestin, notamment l’Echerichia coli) soit impliqué, conjointement à l’œstradiol, dans l’inflammation pelvienne et le développement de l’endométriose [2].

 

Lactobacillus gasseri, la souche de référence pour l’endométriose

La souche probiotique à utiliser en priorité pour l’endométriose est le Lactobacillus gasseri. Ce probiotique est connu généralement pour la minceur. En réalité les résultats sont assez décevant dans cette indication.

En revanche il a été bien étudié pour l’endométriose, et l'intérêt pour cette souche  est grandissant :

  • Dans un essai clinique randomisé en double aveugle L. gasseri a permis de diminuer les dysménorrhées, la douleur pendant les règles, et la qualité de vie de femmes atteintes d’endométriose [3].
  • L’administration de L. gasseri (souche OLL2809 inactivée) pendant 21 jours consécutifs a entraîné une réduction du développement des lésions endométriosiques ectopiques, d’une manière similaire à celle de l’interleukine IL-12. Il inhiberait  le développement de l'endométriose via l'activation des cellules NK [4].
  • Diminue le volume des lésions endométriosisques (étude sur la souris) [5].

Et sur le syndrome de l'intestin irritable, souvent associé à l'endométriose :

  • L. gasseri pourrait être utile par exemple en cas de syndrome de l’intestin irritable avec diarrhée [6].
  • Un essai clinique contrôlé randomisé en double aveugle, avec recherche de la dose optimale, a montré que des individus atteints de syndrome de l’intestin irritable voyaient leur score de douleur baisser avec 10 milliards (2x5.109) de L.gasseri BNR17 [7].

 Pour l'endométriose le lactobacillus gasseri doit être choisi en priorité ! Il pourrait agir sur les lésions (pas encore prouvé chez l'humain) et améliorerait le confort digestif.

 

 

Lactobacillus crispatus, le plus important pour la flore intime

C’est en effet une souche très présente dans la flore intime. Plus de 120 espèces de Lactobacilles ont été identifiées et plus de 20 espèces ont été détectées dans le vagin. En utilisant des techniques moléculaires, il est maintenant établi que la microflore vaginale en bonne santé ne contient pas un nombre élevé d'espèces différentes de Lactobacilles. Au lieu de cela, un ou deux lactobacilles appartenant à une gamme de trois ou quatre espèces (principalement L.crispatus et L. iners, mais aussi L. jensenii et L. gasseri) sont dominants, alors que les autres espèces sont rares [8].

  • La souche L. crispatus est très utile pour lutter contre les bactéries pathogènes en cas de vaginose [9].
  • Elle aide à réparer la muqueuse vaginale [10].
  • Sa présence est considérée comme un marqueur d’un équilibre microbien sain au niveau du vagin [11].

 

 

Probiotiques et procréation

Les essais cliniques qui étudient le microbiome vaginal dans les techniques de procréation assistée soutiennent l'hypothèse que la colonisation de l'extrémité du cathéter de transfert avec Lactobacillus crispatus au moment du transfert embryonnaire peut augmenter les taux d'implantation et de naissance vivante tout en diminuant le taux d'infection [12]. En termes plus simples la flore intime, et plus particulièrement L. crispatus, pourrait jouer un rôle dans l’implantation de l’œuf. Bien sûr ceci a été mis en évidence avec des études sur la procréation médicalement assistée, et pas spécifiquement en cas d’endométriose. Néanmoins, nous savons que la résistance à la progestérone est un élément de la physiopathologie de l’endométriose et que celle-ci peut modifier la flore vaginale. L’infertilité (probablement induite par le stress oxydant et l’inflammation) est présente chez bon nombre de femmes atteintes d’endométriose, alors un traitement par probiotiques spécifiques pourrait être envisagé.

 

 

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NB : cet article donne des informations et ne constitue pas une prescription.

 

Fabien Piasco – Tous droits réservés ©

 

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Références

 

1        Laschke MW, Menger MD. The gut microbiota: a puppet master in the pathogenesis of endometriosis? Am J Obstet Gynecol. 2016 Jul;215(1):68.

2        Khan KN, Kitajima M, Inoue T, Fujishita A, Nakashima M, Masuzaki H. 17β-estradiol and lipopolysaccharide additively promote pelvic inflammation and growth of endometriosis. Reprod Sci. 2015 May;22(5):585-94.

3        Itoh H, Uchida M, Sashihara T, Ji ZS, Li J, Tang Q, Ni S, Song L, Kaminogawa S. Lactobacillus gasseri OLL2809 is effective especially on the menstrual pain and dysmenorrhea in endometriosis patients: randomized, double-blind, placebo-controlled study. Cytotechnology. 2011 Mar;63(2):153-61.

4        Itoh H, Sashihara T, Hosono A, Kaminogawa S, Uchida M. Lactobacillus gasseri OLL2809 inhibits development of ectopic endometrial cell in peritoneal cavity via activation of NK cells in a murine endometriosis model. Cytotechnology. 2011 Mar; 63(2): 205–210.

5        Uchida M, Kobayashi O. Effects of Lactobacillus gasseri OLL2809 on the induced endometriosis in rats. Biosci Biotechnol Biochem. 2013;77(9):1879-81.

6        Shin SP, Choi YM, Kim WH, Hong SP, Park JM, Kim J, Kwon O, Lee EH, Hahm KB. A double blind, placebo-controlled, randomized clinical trial that breast milk derived-Lactobacillus gasseri BNR17 mitigated diarrhea-dominant irritable bowel syndrome. J Clin Biochem Nutr. 2018 Mar; 62(2): 179–186.

7        Kim JY, Park YJ, Lee HJ, Park MY, Kwon O. Effect of Lactobacillus gasseri BNR17 on irritable bowel syndrome: a randomized, double-blind, placebo-controlled, dose-finding trial. Food Sci Biotechnol. 2017 Dec 12;27(3):853-857.

8        Lamont RF, Sobel JD, Akins RA, Hassan SS, Chaiworapongsa T, Kusanovic JP, Romero R. The vaginal microbiome: New information about genital tract flora using molecular based techniques. BJOG. 2011 Apr; 118(5): 533–549.

9        Abdelmaksoud AA, Koparde VN, Sheth NU, Serrano MG, Glascock AL, Fettweis JM, Strauss JF, Buck GA, Jefferson KK. Comparison of Lactobacillus crispatus isolates from Lactobacillus-dominated vaginal microbiomes with isolates from microbiomes containing bacterial vaginosis-associated bacteria. Microbiology. 2016 Mar;162(3):466-475.

10   Takada K, Komine-Aizawa S, Kuramochi T, Ito S, Trinh QD, Pham NTK, Sasano M, Hayakawa S. Lactobacillus crispatus accelerates re-epithelialization in vaginal epithelial cell line MS74. Am J Reprod Immunol. 2018 Sep;80(3):e13027.

11   Lepargneur JP. Lactobacillus crispatus as biomarker of the healthy vaginal tract. Ann Biol Clin (Paris). 2016 Aug 1;74(4):421-7.

12   Sirota I, Zarek SM, Segars JH. Potential Influence of the Microbiome on Infertility and Assisted Reproductive Technology. Semin Reprod Med. 2014 Jan; 32(1): 35–42.