PEA, endométriose et autres affections gynécologiques


 

 

Une aide précieuse en cas d’endométriose

 

Le palmitoyléthanolamide, ou PEA, un dérivé d’acide gras de la famille des N-acyl-éthanolamines, est une molécule endogène, c’est-à-dire fabriquée par les cellules du corps. C’est un puissant antalgique et anti-inflammatoire. Disponible comme nutraceutique (complément alimentaire) il agit de façon similaire au CBD, pour lequel il est d’ailleurs une alternative.[1] Le PEA présente de nombreux intérêts dans l’endométriose et d’autres affections gynécologiques.

Les patientes atteintes d'endométriose ont un risque environ trois fois plus élevé de développer un syndrome de l’intestin irritable. [2] Or le PEA a de multiples effets bénéfiques sur l’intestin :

  • Il diminue la perméabilité intestinale [3] [4]
  • Il régularise le transit [5]
  • Il diminue les douleurs du côlon irritable.[6]

 

Environ 70 % des femmes atteintes d’endométriose souffrent de fortes douleurs, qui peuvent être invalidantes. Il se trouve que le PEA est un excellent antalgique et anti-inflammatoire. Il est même actif contre les douleurs neuropathiques.

L’efficacité du PEA a été évaluée dans plusieurs études, dans le cadre de l’amélioration des douleurs et de la qualité de vie chez des femmes atteintes d’endométriose. Les voici :

 

Moins de consommation d’antalgiques

 

Une toute petite étude (4 patientes) a évalué la prise de 400 mg de PEA associé à 40 mg de polydatine (un précurseur du resvératrol), deux fois par jour pendant 3 mois, chez des femmes atteintes d’endométriose.[7]

Les patientes ont ressenti un soulagement de la douleur dès  30 jours  du protocole. De plus, il a été observé une réduction de la consommation de médicaments antalgiques habituellement utilisés chez tous les participantes. Par ailleurs certaines lésions endométriosiques semblaient être améliorées à l’imagerie.

 

Moins d’anti-inflammatoires non stéroïdiens

 

Le même protocole a été réutilisé, cette fois-ci sur 24 patientes et d’avantages d’évaluations par divers questionnaires. [8]

Des résultats statistiquement significatifs ont été trouvés en ce qui concerne la douleur pelvienne, la dysménorrhée et la dyspareunie (douleurs pendant les rapports sexuels) par rapport à l'évaluation initiale des patientes. Une diminution de la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) a également été observée.

 

Réduction des dysménorrhées et dyspareunies

 

Dans un essai clinique contrôlé randomisé en double aveugle en groupes parallèles, 61 patientes soumises à une chirurgie conservatrice de première intention par laparoscopie, ont été réparties en 3 groupes, recevant : soit PEA 400 mg + polydatine 40 mg deux fois par jour pendant 3 mois, soit un placebo, soit  une cure unique de 200 mg de célécoxib (AINS)  deux fois par jour pendant 7 jours consécutifs.[9]

Une diminution marquée des douleurs de règles, de la dyspareunie (douleurs pendant les rapports sexuels) et des douleurs pelviennes (bas ventre) a été observée dans tous les groupes. Bien que l’AINS ait entraîné la diminution des douleurs pelviennes la plus importante, l’association PEA + polydatine s'est avérée plus efficace que le placebo.

 

Amélioration des symptômes douloureux et de la qualité de vie

 

Une étude a évalué l'efficacité du PEA ultra-micronisé et de l’association PEA + polydatine dans la gestion des douleurs pelviennes chroniques (liées à l'endométriose) chez des patientes désirant une grossesse.[10]

Les patientes ont été traitées par du PEA ultra-micronisés deux fois par jour pendant 10 jours suivi de de l’association PEA + polydatine  deux fois par jour pendant 80 jours. À la fin du traitement, tous les patients ont montré une amélioration significative des douleurs pelviennes chroniques, de la dyspareunie profonde, de la dysménorrhée, de la dyschésie (gêne à la défécation), ainsi que de la qualité de vie et du bien-être psychologique.

 

Un protocole autour des règles

 

Une autre étude au sujet des douleurs de règles, hors endométriose, est aussi intéressante : 220 jeunes femmes âgées de 16 à 24 ans qui présentaient une dysménorrhée primaire ont été incluses. Dans un suivi randomisé 110 ont pris l’association PEA + polydatine et 110 un placebo, une fois par jour, 10 jours par cycle de J24 à J5 du cycle suivant (5 jours avant les règles et les 5 jours de règles).[11]

Une amélioration de la douleur pelvienne a été observée dans 98,18 % des cas dans le groupe PEA contre 56,36 % dans le groupe placebo.

 

Myrrhe et acide alpha-lipoïque, des associations intéressantes

 

L’acide alpha-lipoïque a montré, dans différents essais cliniques, sa capacité à soulager les douleurs neuropathiques. La myrrhe est une gomme-résine aromatique produite par l'arbre à myrrhe (Commiphora myrrha). Elle possède des propriétés antalgiques et anti-inflammatoires.[12] Ces deux éléments peuvent se retrouver dans des formulations nutraceutiques en combinaison avec le PEA.

Une étude multicentrique a recruté 60 femmes (réparties dans trois centres : Sienne, Bologne et Udine en Italie) âgées de 20 à 39 ans souffrant d'endométriose ovarienne et de douleurs pelviennes chroniques.[13] Toutes les femmes ont pris un nutraceutique apportant 800 mg d’acide alpha-lipoïque, 600 mg de PEA et 200 mg de myrrhe par jour, pendant 6 mois. Les résultats ont montré une réduction significative des symptômes douloureux en ce qui concerne la dyspareunie, la dysménorrhée et les douleurs pelviennes chroniques, bien qu’il n’y ait pas eu de changement dans le diamètre moyen des kystes d'endométriose.

L’efficacité de cette association de trois principes actifs a aussi été révélée dans des rapports de cas de patientes. [14] Le traitement nutraceutique à base de PEA, acide alpha-lipoïque et myrrhe permet une réduction ou un arrêt de l'utilisation des médicaments antineuropathiques (gabapentine, prégabaline et amitriptyline), qui peuvent être mal tolérés.

Une autre étude avec des doses moindres (300 mg de PEA et 300 mg d’acide alpha-lipoïque) avait montré des résultats moins impressionnants, mais tout de même progressifs et significatifs à partir du sixième mois de traitement.[15]

 

Névralgie pudendale

 

La névralgie pudendale est définie par des douleurs du périnée, aggravées par la position assise et qui sont liées à la compression du nerf pudendal. Les médicaments classiquement utilisés pour ce type de douleur neuropathique (antidépresseurs et antiépileptiques) ne sont pas toujours efficaces et ont des effets secondaires.  Des personnes traitées au PEA ont pu avoir une amélioration de leurs douleurs et de leur qualité de vie.[16] [17]

 

Vestibulodynie

 

Il s'agit d'une hypersensibilité douloureuse de la vulve, avec des douleurs tenaces et persistantes, provoquées ou spontanées.

Une étude sur 20 femmes atteintes de vestibulodynie a testé une association de PEA (400 mg) et de polydatine, ou un placebo, deux fois par jour pendant 60 jours. [18] Toutes les patientes ont bénéficié d'une électrostimulation TENS dans le cadre d'un protocole auto-administré à domicile. Les deux groupes se sont améliorés, mais la thérapie était plus efficace lorsque le PEA était inclus, notamment dans les cas d'apparition plus récente de la maladie, par rapport au groupe placebo.

 

 

 

En résumé

 

Le PEA peut être une aide dans les douleurs pelviennes (douleurs avant et pendant les règles, ou pendant les rapports sexuels), avec ou sans endométriose, et les douleurs à l’appareil génital.

 

 

 Fabien Piasco – Tous droits réservés ©

 

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Références

 


[1] Clayton P, Subah S, Venkatesh R, Hill M, Bogoda N. Palmitoylethanolamide: A Potential Alternative to Cannabidiol. J Diet Suppl. 2021 Nov 28:1-26.

 

[2] Nabi MY, Nauhria S, Reel M, Londono S, Vasireddi A, Elmiry M, Ramdass PVAK. Endometriosis and irritable bowel syndrome: A systematic review and meta-analyses. Front Med (Lausanne). 2022 Jul 25;9:914356.

 

[3] Karwad MA, Macpherson T, Wang B, Theophilidou E, Sarmad S, Barrett DA, Larvin M, Wright KL, Lund JN, O’Sullivan SE. Oleoylethanolamine and palmitoylethanolamine modulate intestinal permeability in vitro via TRPV1 and PPARα. FASEB J. 2017 Feb;31(2):469-481.

 

[4] Couch DG, Cook H, Ortori C, Barrett D, Lund JN, O’Sullivan SE. Palmitoylethanolamide and Cannabidiol Prevent Inflammation-induced Hyperpermeability of the Human Gut In Vitro and In Vivo-A Randomized, Placebo-controlled, Double-blind Controlled Trial. Inflamm Bowel Dis. 2019 May 4;25(6):1006-1018.

 

[5] Capasso R, Orlando P, Pagano E, Aveta T, Buono L, Borrelli F, Di Marzo V, Izzo AA. Palmitoylethanolamide normalizes intestinal motility in a model of post-inflammatory accelerated transit: involvement of CB receptors and TRPV1 channels. Br J Pharmacol. 2014 Sep;171(17):4026-37.

 

[6] Cremon C, Stanghellini V, Barbaro MR, Cogliandro RF, Bellacosa L, Santos J, Vicario M, Pigrau M, Alonso Cotoner C, Lobo B, Azpiroz F, Bruley des Varannes S, Neunlist M, DeFilippis D, Iuvone T, Petrosino S, Di Marzo V, Barbara G. Randomised clinical trial: the analgesic properties of dietary supplementation with palmitoylethanolamide and polydatin in irritable bowel syndrome. Aliment Pharmacol Ther. 2017 Apr;45(7):909-922.

 

[7] Indraccolo U, Barbieri F. Effect of palmitoylethanolamide-polydatin combination on chronic pelvic pain associated with endometriosis: preliminary observations. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2010 May;150(1):76-9.

 

[8] Lo Monte G, Soave I, Marci R. Administration of micronized palmitoylethanolamide (PEA)-transpolydatin in the treatment of chronic pelvic pain in women affected by endometriosis: preliminary results. Minerva Ginecol. 2013 Aug;65(4):453-63.

 

[9] Cobellis L, Castaldi MA, Giordano V, Trabucco E, De Franciscis P, Torella M, Colacurci N. Effectiveness of the association micronized N-Palmitoylethanolamine (PEA)-transpolydatin in the treatment of chronic pelvic pain related to endometriosis after laparoscopic assessment: a pilot study. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2011 Sep;158(1):82-6.

 

[10] Stochino Loi E, Pontis A, Cofelice V, Pirarba S, Fais MF, Daniilidis A, Melis I, Paoletti AM, Angioni S. Effect of ultramicronized-palmitoylethanolamide and co-micronized palmitoylethanolamide/polydatin on chronic pelvic pain and quality of life in endometriosis patients: An open-label pilot study. Int. J. Women’s Health 2019 ; 11:443–449.

 

[11] Tartaglia E, Armentano M, Giugliano B, Sena T, Giuliano P, Loffredo C, Mastrantonio P. Effectiveness of the Association N-Palmitoylethanolamine and Transpolydatin in the Treatment of Primary Dysmenorrhea. J Pediatr Adolesc Gynecol. 2015 Dec;28(6):447-50.

 

[12] Su S, Wang T, Duan JA, Zhou W, Hua YQ, Tang YP, Yu L, Qian DW. Anti-inflammatory and analgesic activity of different extracts of Commiphora myrrha. J Ethnopharmacol. 2011 Mar 24;134(2):251-8.

 

[13] De Leo V, Cagnacci A, Cappelli V, Biasioli A, Leonardi D, Seracchioli R. Role of a natural integrator based on lipoic acid, palmitoiletanolamide and myrrh in the treatment of chronic pelvic pain and endometriosis. Minerva Ginecol. 2019 Jun;71(3):191-195.

 

[14] Nohales Alfonso F. Experience with nutraceutical supplements in the treatment of pelvic pain in gynaecology: case reports. Drugs Context. 2022 Jan 12;11:2021-10-8.

 

[15] Caruso S, Iraci Sareri M, Casella E, Ventura B, Fava V, Cianci A. Chronic pelvic pain, quality of life and sexual health of women treated with palmitoylethanolamide and α-lipoic acid. Minerva Ginecol. 2015 Oct;67(5):413-9.

 

[16] Calabrò RS, Gervasi G, Marino S, Mondo PN, Bramanti P. Misdiagnosed chronic pelvic pain: pudendal neuralgia responding to a novel use of palmitoylethanolamide. Pain Med. 2010 May;11(5):781-4.

 

[17] Beerten SG, Calabrò RS. Pudendal Neuralgia: The Need for a Holistic Approach-Lessons From a Case Report. Innov Clin Neurosci. 2021 Apr-Jun;18(4-6):8-10.

 

[18] Murina F, Graziottin A, Felice R, Radici G, Tognocchi C. Vestibulodynia: synergy between palmitoylethanolamide + transpolydatin and transcutaneous electrical nerve stimulation. J Low Genit Tract Dis. 2013 Apr;17(2):111-6.